Industrie pharmaceutique La corporation réclame un régulateur
«Au niveau du secteur pharmaceutique, les nationaux tirent la croissance en synergie avec les multinationales», précise d’emblée Aymen Cheikh Lahlou, président de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique (Amip), lors de la conférence débat organisée par la Chambre de Commerce Britannique au Maroc le 31 mai à Casablanca. Selon cet opérateur, les secteurs de la santé et de l’industrie sont des générateurs de croissance ou indicateurs de «Take-off». L’activité compte 46 entreprises qui emploient 40.000 personnes, 7.500 directs et 32.500 indirects.
En termes de chiffre d’affaires, le secteur a enregistré 13,7 milliards de DH, pour une valeur ajoutée de 4,4 milliards de DH en 2015. L’industrie pharmaceutique représente 1,5% du PIB national et 5,2% du secteur industriel. Le marché privé s’élève à 8,9 millions de DH et le marché public a atteint 2,5 milliards de DH. D’ailleurs, en 2015 le secteur pharmaceutique privé (incluant l’alimentation infantile) a progressé de 2,4% en unités et de 1% en valeur par rapport à 2014. La contribution fiscale du secteur est de 416,5 millions de DH. La production locale couvre actuellement 55% des besoins du marché en médicaments. Or, ce même taux de couverture était de l’ordre de 65% en 2014.
Une baisse qui s’explique par un portefeuille restreint de produits made in Maroc ou une distribution qui connaît des retards par rapport aux laboratoires internationaux. «Le Maroc a un tissu industriel solide capable de couvrir la majorité de la demande domestique en médicaments. Néanmoins, cette couverture est partielle et le Maroc reste dépendant de l’offre étrangère en termes de biotechnologie, anti-cancéreux, hormones, vaccins, aérosols/asthme …», explique Cheikh Lahlou. Pour y remédier, la corporation mise sur l’accélération des autorisations de mises sur le marché (AMM). Une montée en régime qui permettra une meilleure compétitivité à l’export et proposera plus de choix thérapeutiques compétitifs aux consommateurs marocains et africains. Pour y arriver, le secteur devra à terme opérer une augmentation de la taille du marché, accompagné de mesures ad-hoc… une poussée des génériques ou encore de la R&D. «Nous avons besoin d’une agence de santé, une sorte de régulateur qui pourrait fédérer l’ensemble des acteurs et gérer les projets d’AMM», soutient le président de l’Amip. Les engagements du contrat-programme devraient également permettre de favoriser la fabrication locale de médicaments, notamment les biosimilaires, les inhalateurs, les hormones contraceptives, les injectables (iophilisés ou en formes orales), les vaccins, la fabrication d’API, la R&D et valorisation de la médecine traditionnelle. A cet effet, une réserve foncière de 7 ha à conditions financières attractives a été mise à disposition par la tutelle. S’y ajoutent la prise en charge de 30% des investissements plafonnés à 3 millions d’euros ou encore des frais de formation entièrement pris en charge.
«La santé comme l’alimentaire sont des activités extrêmement sensibles au niveau d’un pays. Il faut prendre avec des pincettes ce type de secteurs et mettre sur la balance le poids d’un pays pour intégrer et favoriser des accords avec des marchés récepteurs», soutient Mamoun Bouhdoud, ministre délégué auprès du ministre de l’Industrie. Pour la tutelle, la priorité est de pousser les opérateurs à l’export en améliorant leur compétitivité. «Vu que lorsqu’ils sortent sur d’autres marchés, ils sont confrontés à la concurrence internationale. C’est pour ça que nous avons utilisé les leviers qu’il faut pour que leur prix de revient, soit le plus faible et qu’il puisse gagner des marchés à l’international», explique le ministre délégué.
Source: L’ÉCONOMISTE